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Étudier au Mexique

Publié le 3 décembre 2018 Mis à jour le 3 septembre 2021

Vous souhaitez partir étudier sur le continent américain ? Suivre des cours en anglais ou en espagnol ? Partez à la découverte du Mexique grâce aux témoignages de Capucine et de Bryan !


L’Université Paris Nanterre entretient des liens étroits avec 11 établissements partenaires, avec lesquels il existe des accords dans toutes les disciplines. Vous trouverez ci-dessous la liste des établissements par ville : :

 

Connectez-vous à la carte interactive pour consulter les accords par université.
 
En 2017/2018, Capucine et Bryan sont partis étudier un semestre à Puebla. Capucine, étudiante en Licence Humanités, Lettres et Sciences Humaines est partie à l'Universidad Popular Autónoma del Estado, et Bryan, étudiant en Licence Sciences Humaines, Anthropologie, Ethnologie, est parti à la Benemérita Universidad Autónoma :

• Pourquoi avoir choisi le Mexique pour vos études ?
Capucine au Mexique Capucine au Mexique


Capucine : J’ai choisi le Mexique car j’ai toujours été attirée par l’Amérique Latine, et la gestionnaire du Service des relations internationales m’avait vivement recommandé cette université, qui proposait des cours en anglais et en espagnol, ce qui m’a permis de valider mes ECTS d’anglais.

Bryan :
Nous vivons dans une ère où les processus de mondialisation font de l'ombre aux cultures traditionnelles. "Là-bas" n'est plus si différent d' "ici". Particulièrement dans un cadre académique, ayant généralement pour condition le besoin d'être abrité au sein des mégalopoles cosmopolites. Cependant, l'Amérique Latine est un bastion qui à ce jour défend encore ses modes de vies centenaires. S'y perdre est une grande claque colorée et dépaysante pour le regard occidental. Car il y règne une atmosphère de fête perpétuelle, qui répond à cette philosophie locale, consistant à oublier ses soucis, survenant avec la dureté du quotidien, afin de se concentrer sur le présent, pour faire de chaque événement une ode à la vie. Bref, avant même d'y mettre les pieds, je me figurais déjà que cette portion du monde ne pouvait être qu'un El Dorado continental. En regardant la liste des pays disponibles pour les échanges, je me suis simplement demandé : lequel me fera le plus voyager ? Lequel s'éloigne le plus de mon petit confort occidental ? J'étais inscrit en licence Sciences Humaines, Anthropologie, Ethnologie. D'où le besoin d'aller me perdre à l'autre bout de monde. Le but étant d'élargir ses repères, d'ouvrir son esprit, et se laisser entraîner par l’inhabituel afin de le comprendre, en plus de l'admirer. 

• Quel est votre avis sur votre université d'accueil, les cours que vous avez suivis ?

Capucine : Mon
Bryan au Mexique Bryan au Mexique
université d’accueil était l’UPAEP, une des nombreuses universités de la ville de Puebla. Il y avait de nombreux étudiants étrangers et nous avons tous été très bien accueillis et intégrés. Les étudiants mexicains étaient également très accueillants. J’ai pu me faire des amis parmi les étudiants étrangers mais également parmi mes camarades de classe mexicains ! J’ai suivi des cours qui m’ont énormément plu et qui m’ont permis d’en connaitre plus sur le pays dans lequel je me trouvais. J’ai ainsi suivi des cours de philosophie mexicaine, de littérature latino-américaine ou encore d’histoire politique du Mexique.

Bryan : Le rythme est différent. Très éloigné de nos structures d'encadrements académiques françaises. Certains se réjouiront d'apprendre qu'il y a moins de cours (4 ou 5 obligatoires pour valider un semestre). Mais c'est un faux semblant. Car les classes durent entre 3 et 4 heures, et les pauses sont rares. De plus, l'effort supplémentaire que demande un travail d'écoute, de retranscription et de participation, dans une langue étrangère, sans oublier les nombreuses heures de lecture et de rédaction hebdomadaire à fournir pour la session suivante, sont des éléments qui demandent un investissement personnel important. Cependant, jamais vous ne progresserez aussi vite en espagnol. Le programme peut déboussoler, car c'est une toute autre approche des matières qui y est proposée. Mais je pense qu'il est nécessaire d'approfondir les épistémologies et méthodes alternatives si l'on veut vraiment s'épanouir dans sa discipline.
Quant aux infrastructures, elles ne sont pas si différentes que n'importe quelle autre université : l'entretien des salles et le matériel mis à disposition varient en fonction du département et de sa popularité. Mais rassurez-vous, les chaises tiennent debout, l'eau n'est pas potable, mais elle a au moins le mérite d'être courante. Le campus se base plus sur le modèle américain : le choix des classes, une vie associative très forte, un club de football universitaire classé parmi les meilleurs du pays, qui rassemblent les étudiants et le reste de la ville les jours de match, une bibliothèque confortable avec une vue imprenable sur les chaînes montagneuses et le volcan, de nombreuses infrastructures sportives... Comparé à son entourage délabré, le campus est un oasis. Cependant le séisme de l'an dernier a eu des conséquences désastreuses sur plusieurs bâtiments. Je ne connais pas l'avancée des travaux de réparation.

• Comment s'est déroulée l'intégration dans votre université, avec les autres étudiants ?
Bryan au Mexique Bryan au Mexique


Capucine : Très bien. Dans certains cours, j’étais la seule étudiante étrangère, dans d’autres (surtout ceux en anglais), j’étais majoritairement avec des étudiants étrangers. Dans l’ensemble, tous les cours m’ont énormément plu et tous les professeurs ont été très accueillants.

Bryan :
Il n'y a pas d'amphi. L'effectif des TD varie en fonction des inscriptions à ce dernier (allant de 8 à 25 pour ma part). Cela permet une plus grande proximité avec les professeurs et les élèves qui seront toujours ravis de vous venir en aide. Particulièrement le premier jour quand ils remarquent ce regard désespérément perdu. J'étais souvent le sujet d'innocente moquerie car la différence fait toujours sourire, mais tant mieux, au moins on s'intéressait à moi et cela a lancé la conversation, puis les amitiés. Après cela je pouvais compter sur chacun d'entre eux pour me guider. Certains professeurs accueilleront vos différences en les soulignant et raviveront la veille flamme qui divise l'Anthropologie du Nord et du Sud, en se servant de votre expérience comme d'un exemple. D'autres pourront gentiment régler avec vous leurs comptes avec le vieux continent. Et d'autres vous traiterons comme n'importe quel autre étudiant.

• Avez-vous trouvé un logement facilement ?

Capucine : Oui, très facilement. Je louais une chambre dans une maison partagée avec 7 autres étudiants étrangers (Pérou, Allemagne, Belgique, Lettonie). C’était une super expérience, je recommande vivement ce type de logement !

Bryan :
Pour trouver un logement, rien de plus facile. Il existe des tonnes de groupes sur les réseaux sociaux, où l'on y trouve facilement des offres de colocation, que je conseille vivement, car c'est le meilleur moyen de se sociabiliser. Ainsi vous ne serez jamais seul, et adieu le mal du pays. Et leur coût ne sera jamais une mauvaise surprise. Les français, et surtout les locataires de notre capitale, constateront que le prix du loyer est extrêmement bas (une centaine d'euro en moyenne pour un logement étudiant). Effectivement, il y a le billet d'avion qui s'ajoute à la note finale ; mais une fois que l'on fait la somme avec les dépenses quotidiennes, on se retrouve généralement avec assez d'argent en fin de mois pour s'autoriser des visites et des voyages.

Bryan au Mexique Bryan au Mexique
• Qu'avez-vous pensez du quotidien au Mexique ? (sorties, vie culturelle, coût de la vie, voyages dans le pays, etc.)

Capucine : Mon quotidien au Mexique était super intense à tous les niveaux ! J’ai pu visiter toute la région de Puebla durant le semestre (volcans, villages, zones archéologiques) et durant les vacances d’hiver j’ai également pu voyager (Chiapas, Quintana Roo, Yucatan, Cuba). La vie culturelle sur place est vraiment très riche, se faire des amis mexicains a aussi été décisif pour apprendre à connaitre la culture mexicaine, notamment pour prendre part à la Fête nationale ou au Dia de los Muertos. Le cout de la vie est vraiment bas comparé à la France, ce qui permet de faire beaucoup de choses même avec un petit budget.

Bryan :
Le Mexique est un pays dangereux. Il n'y aurait aucun avantage à vous mentir en affirmant le contraire. Car c'est même l'un des plus dangereux du monde si l'on en croit les médias et que l'on regarde quelque graphique. Il faut donc être de nature prudente et réfléchi, éviter les excès lors des sorties. Mais si on prend du recul, on se rend compte que toutes les régions du monde viennent avec leurs lots de dangers. La véritable variable est en réalité l'individu et les décisions prise par celui-ci. Si vous respectez les règles du jeu, il n'y a pas de raison d'éviter un pays plutôt qu'un autre par peur de sa situation politique, criminelle, humanitaire. Et, comme tout ce qui est rare et inaccessible, c'est généralement là où se cachent des trésors.
La nourriture mexicaine est parmi les meilleures du monde (la seul classée à côté de la gastronomie française comme un patrimoine de l'humanité). Tortillas, Tacos, Molle... Il y en a pour tous les goûts. Les épices et les cuisines ouvertes font du Mexique un pays de senteurs et de goûts.
Les paysages sauvages et la faune qui y habite sont à couper le souffle. Des volcans aux plages océaniques, en passant par les forêts luxuriantes des réserves nationales, il y a de quoi explorer. Et les "pueblos magicos" (villages magiques) sont des labyrinthes aux façades multicolores, des petits paradis éparpillés aux quatre coins de la topographie.
Et évidemment, il y cette culture de la fête, qui vous fera danser à travers le pays. Que cela soit dans les grandes villes ou au milieu des plantations de cactus, l'hospitalité légendaire des habitants vous ouvrira les portes de nombreux foyers lors des célébrations, pour des expériences uniques et chaleureuses (comme l'extraordinaire et hypnotique fête des morts dans les cimetières éclairés de mille feux et décorés de mille fleurs).
En ce qui concerne le budget, car c'est un sujet délicat pour tous les étudiants, le coût de la vie mexicaine est environ 60 % moins cher qu'en France. Donc même avec un petit budget, on peut manger, boire, se loger confortablement, et sortir découvrir les environs, sans pour autant se ruiner.

• Recommanderiez-vous cette destination ? Était-ce une expérience enrichissante ? (culturellement, humainement, au niveau de vos études, votre apprentissage). Quel impact cette mobilité a eu sur vos projets futurs ?
Bryan au Mexique Bryan au Mexique


Capucine : Je recommande cette destination à 100% ! Que vous parliez espagnol ou non, c’est la destination idéale pour un semestre à l’étranger. Mon échange au Mexique a été une des meilleures expériences de ma vie et je conseille à tous les étudiants de saisir l’opportunité de faire un semestre à l’étranger.

Bryan :
Je recommande le Mexique ! Si vous n'avez pas peur de vivre une incroyable aventure, de faire des rencontres inoubliables, mais aussi prendre conscience des conditions de vie difficiles des régions du Tiers-Monde, foncez ! L'intérêt d'un échange aussi lointain est la déconnexion. C'est une toute autre vie qui vous attend de l'autre côté de l'océan. Toutes les personnes que je connais et qui ont fait ce choix, ont pris la décision d'y retourner, et même, d'y rester. Car on tombe facilement, amoureux du Mexique.
Le Mexique est aussi un pays qui véhicule beaucoup de clichés dans les médias et le cinéma. C'est un lieu entouré de légendes pouvant aussi bien nous faire rêver, qu'envisager les pires cauchemars.
Personnellement, je crois en la beauté de tous les pays. Et s'il y existe une crise quelconque - comme c'est le cas en Amérique Centrale (drogue, corruption...) - je pense qu'il est important, si on en a l'occasion, d'aller se faire sa propre opinion. Et par la même occasion, découvrir toute l'unicité et la richesse de la culture qui l'entoure. L'impact d'un tel voyage laisse une trace décisive sur notre parcours de vie. Le développement de l'autonomie, des aptitudes linguistiques, l'élargissement de son réseau... Sans oublier les magnifiques souvenirs qui ne vous abandonnent jamais, et cette nouvelle perspective du monde. On en revient changé.
Dans mon cas, mon projet avait toujours été d'entamer des études dans les sciences humaines avant de me réorienter vers le journalisme. J'ai longtemps parcouru le continent Latino-américain, envoûté par son atmosphère euphorique. Et avide de découvrir sa pluralité culturelle.
Aujourd'hui, j'ai changé de cap, je traverse actuellement le continent asiatique, et je suis en train d'arriver à l'aboutissement de mes objectifs universitaires et professionnels. Le Mexique est une de ces destinations qui m'a fait prendre conscience qu'aucun pays n'est trop loin. Et que même avec tout l'accès à l'information que nous avons en France, il est impossible de découvrir les mystères d'une région sans y mettre les pieds.

Bryan au Mexique Bryan au Mexique
• Et pour conclure ?


Capucine : Si un étudiant veut me contacter pour plus d'infos il n'y a aucun souci je serai ravie de l'aider !

Bryan : Je peux vous affirmer qu'en 6 mois j'ai vu le meilleur comme le pire de ce que le Mexique peut offrir.
Notamment car mon sujet d'étude principal était la relation des genres au Mexique, je me suis donc intéressé de près au machisme, aux violences conjugales et aux féminicides. De plus il est impossible d'ignorer la criminalité et la corruption omniprésente. Tout comme il est impossible de ne pas voir une population qui conteste et se rassemble. Les associations pour relever la situation du pays sont nombreuses, et il est facile d'avoir des discussions ouvertes et pertinentes sur l'état du pays et son avenir, avec les habitants qui se font rarement prier pour exprimer leurs opinions.
Pendant mon séjour, deux violents séismes ont ravagé les régions au sud de Mexico. Une expérience terrifiante qui a plongé le pays dans un climat d'insécurité. Dans ce chaos nous n'avons bénéficié d'aucune aide de l'État, qui n'a fait qu'avoir une présence médiatique. Ainsi, pendant les recherches des corps, la distribution de nourriture, le déblaiement des morceaux d'infrastructures je n'ai vu que des citoyens. C'est à dire pas ceux qui ont, mais ceux qui donnent. Ceux qui croient en quelque chose de plus fort que la simple réussite personnelle, qui voient le monde comme un ensemble. Et la plupart du temps ces personnes sont celles qui ont déjà tout perdu ou qui n'ont presque rien. J'ai pu assister à un peuple fort et soudé. Une solidarité exemplaire, spécialement dans les petits villages où nous partions en brigade de bénévoles à 12 derrière un pick-up pour aller dans ces lieux oubliés à plusieurs heures de route. Et même durant l'ensemble de cette tragédie, le sourire était omniprésent.
Après quelques semaines au Mexique je n'étais déjà plus un touriste, mais un voisin, un ami, un compatriote.


 

Mis à jour le 03 septembre 2021