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L’esthétique des Trente Glorieuses

Gwenaële Rot et François Vatin (dir.)
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La librairie des musées, mars 2021

Publié le 5 mars 2021 Mis à jour le 18 mars 2021

Réunissant vingt-quatre spécialistes qui croisent leurs multiples terrains, cet ouvrage vise, non à défendre l’esthétique des Trente Glorieuses, mais à la restituer dans sa complexité.

Présentation

 

On considère avec nostalgie, les Trente Glorieuses, comme si, dans les années 1945-1975, avait régné l’abondance économique, alors qu’il fallait d’abord reconstruire un pays en ruine, mais on dénigre son bilan idéologique et culturel, dominé par une croyance illusoire au progrès. Pollution, urbanisme sans âme, matières plastiques imputrescibles, tels seraient les seuls legs de ce temps d’inconscience. Aussi, l’architecture et l’art monumental des Trente Glorieuses, encore mal-aimées, ont subi beaucoup de destruction et commencent à peine à être patrimonialisées.
Or, comme le montrent les études réunies ici, en dépit de l’urgence de la reconstruction, on a accordé à cette époque une grande importance aux questions esthétiques. On faisait confiance aux nouveaux moyens techniques pour faire du beau moins cher à destination du plus grand nombre. Esthétique fonctionnelle et démocratisation artistique sont étroitement liées. On comprend dès lors le rôle central de l’industrie dans les représentations de cette époque. Contre l’opposition romantique du beau et de l’utile, il fallait réinstaller le monde industriel dans les valeurs humaines. Les usines, aussi, devaient être belles comme fonctionnelles et constituer un objet d’intérêt pour l’art. La démocratisation du beau exigeait qu’il s’impose dans les lieux de travail. Inversement, l’expérience industrielle de la simplicité, de la cohérence, pouvait nourrir l’inspiration artistique.
Réunissant vingt-quatre spécialistes qui croisent leurs multiples terrains, cet ouvrage vise, non à défendre l’esthétique des Trente Glorieuses, mais à la restituer dans sa complexité. Il invite le lecteur à regarder un peu différemment un passé trop proche pour qu’on puisse encore pleinement l’estimer.

Cet ouvrage d’art fait suite au colloque de Cerisy qui s’est tenu en juin 2019.

 

La direction de l’ouvrage

Gwenaële Rot est professeure de sociologie à Sciences Po et chercheuse au CSO.

François Vatin est  professeur de sociologie à l’université Paris Nanterre, chercheur à l’IDHE.S.

 

Sommaire


Introduction
Une relecture culturelle des « Trente glorieuses » – François Vatin

Construire plus fonctionnel et plus beau
« Nul n’a le droit d’enlaidir la vie ». L’architecture industrielle dans la France d’après-guerre – Nicolas Pierrot
La belle et la bête. Esthétique urbaine et nécessités industrielles pendant la Reconstruction – Patrice Gourbin
Minoteries reconstruites en Normandie. Programmes et esthétique – Stéphanie Dupont
L’aluminium et le pari du nouvel âge architectural, 1945-1955 – Florence Hachez-Leroy
La Reconstruction (dés)espoir de Jean Prouvé – Delphine Drouin-Prouvé
Le musée-outil de Reynold Arnould – Clémence Ducroix
La reconstruction du musée de Saint-Lô, 1944-1974 ­– Robert Blaizeau

Un nouveau décor
Fernand Léger, peinture et architecture – Bénédicte Duvernay
Alfred Manessier et la Reconstruction – Marie-Domitille Porcheron
Les chambres de Commerce et d’Industrie du Havre et de Rouen. Interventions d’artistes dans la décoration – Raphaëlle Saint-Pierre
Sculpter et peindre à l’échelle monumentale. Les modes de fabrication de l’architecture au service du 1 % artistique – Marie-Laure Viale
Le luxe public de la Reconstruction. Le mobilier de Jacques Quinet pour l’université de Caen – Grégor Blot-Julienne et Sophie Derrot
La couleur entre au bureau. La revue Bureaux d’aujourd’hui, 1950-1960 – Thierry Pillon

Représenter l’industrie
Le motif industriel dans les œuvres d’art choisies par l’Etat, 1940-1960 – Clothilde Rouiller
Faire le portrait de l’industrie moderne : Reynold Arnould – François Vatin et Gwenaële Rot
La peinture industrielle de Camille Hilaire, 1952-1970 – Odile Lassère
John Craven, chantre du développement industriel – Dominique Versavel
La Documentation française et la photographie industrielle, 1945-1970 – Véronique Figini-Veron
Le cinéaste, le poète et l’entreprise. La poétique des tubulures chez Pechiney – Gwenaële Rot et François Vatin

Art et économie dans la France du redressement industriel
L’industrie photographique et sa nation. Kodak-Pathé et la biennale Photo-Cinéma-Optique de Paris, 1955 ­– Guillaume Blanc
Le marché de l’art français, créateur de liens entre art et industrie ? 1945-1968 – Julie Verlaine
Saint-Gobain, un industriel dans la Reconstruction. Croissance, innovations, initiatives artistiques – Marie de Laubier
Architecture, esthétique industrielle, art. Le nouveau Renault, 1945-1985 – Patrick Fridenson


 


Mis à jour le 18 mars 2021