Héros et héroïnes du quotidien : un chercheur au parcours atypique

L’Université Paris Nanterre regorge de personnalités inspirantes et de parcours remarquables !

Publié le 6 octobre 2020 Mis à jour le 16 février 2021

Ce mois-ci, nous avons rencontré Marc Belissa dont le parcours est particulièrement singulier puisqu’il a enseigné en primaire près de 10 ans et est désormais Maître de conférence émérite.

Vous avez un doute sur la définition d’émérite ? Pas de panique : notre invité nous explique tout avec… pédagogie (évidemment !)

L’équipe Point Commun : Bonjour, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Pour commencer, pouvez-vous présenter votre parcours académique mais aussi le cheminement qui vous a mené à ce métier ?

Marc Belissa : Mon parcours académique est très atypique. J’ai commencé ma carrière d’enseignant dans le primaire après avoir fait deux années d’école normale d’instituteur après le bac. J’ai enseigné dans le primaire pendant neuf ans.

Dans le même temps, j’ai repris des études d’histoire et d’anglais à Paris VII, puis j’ai obtenu le CAPES et l’agrégation d’histoire, j’ai enseigné dans le secondaire pendant neuf ans également. Pendant cette période, j’ai également enseigné en histoire à Paris I et Paris VII en tant que vacataire. J’ai soutenu ma thèse de doctorat en 1996 à Paris sous la direction du regretté Jean-Paul Bertaud et j’ai été recruté par l’Université de Nantes en 1998 comme maître de conférences. En 2001, j’ai été recruté à Paris Nanterre et enfin en 2005, j’ai soutenu mon Habilitation à diriger des thèses. J’ai fini ma carrière à Nanterre comme maître de conférences hors classe HDR.

J’aime l’histoire, j’aime la civilisation britannique et américaine, j’aime lire et faire de la recherche, il m’était donc « naturel » de poursuivre mes études dans ces domaines. Par ailleurs, mon expérience d’enseignement à tous les niveaux (même une année en maternelle) m’a appris que je possédais sans doute les qualités nécessaires à un bon enseignant, c’est du moins ce que l’on m’a dit ! J’espère que c’est vrai, sinon c’est que j’ai raté mon parcours professionnel !

L’équipe Point Commun : Vous êtes membre du laboratoire MEMO à l’Université Paris Nanterre, pouvez-vous nous expliquer ses missions ? Quels sont ses enjeux et objectifs ?

Marc Belissa : Le MEMO a cette particularité de regrouper des médiévistes et des modernistes (dans l’ère occidentale et islamique) de Paris Nanterre et de Paris 8 qui travaillent donc sur le temps long du XIe au XVIIIe siècle. Un centre de recherche a pour but de favoriser les recherches de ses membres, de manière individuelle et collective et de produire des recherches et des publications selon les axes de recherche définis en commun. En l’occurrence, le MEMO est plutôt tourné vers l’histoire sociale, politique et culturelle.

L’équipe Point Commun : Vous êtes depuis cette année à la retraite tout en étant "maître de conférences émérite en histoire moderne à Nanterre et rattaché à un labo de recherche (le MEMO)". Que signifie le titre "émérite" ? Pouvez-vous nous expliquer ce que cela implique ?

Marc Belissa : Le terme « émérite » signifie que l’on a obtenu (il faut en faire la demande auprès des écoles doctorales) le droit de suivre « ses » étudiants en doctorat jusqu’à la soutenance, même à la retraite. Les émérites (maîtres de conférences ou professeurs des universités) ne sont plus enseignants en exercice mais continuent d’être affiliés à un centre de recherche et peuvent donc en tant que tels participer à des jurys de doctorat ou de master par exemple.

L’équipe Point Commun : Quel est votre rôle ? Vos sujets d’étude ?

Marc Belissa : Le rôle des émérites est évidemment moins important dans les centres de recherche que celui des enseignants-chercheurs en plein exercice. Disons que nous sommes là pour assurer une continuité de l’encadrement des doctorants et éventuellement pour apporter une forme d’expérience aux plus jeunes collègues. Nous ne sommes pas rémunérés puisque nous sommes à la retraite. En revanche, les centres de recherche peuvent financer des activités de recherche des émérites (mais en période de restrictions…).

Pour dire vite, mes sujets d’études sont l’histoire politique et culturelle de la période dite des Lumières et des « Révolutions » du milieu du XVIIIe siècle à 1815. Je me suis en particulier intéressé aux idées politiques, sociales et culturelles des Lumières, des Révolutions américaine et française dans l’espace atlantique (France, Angleterre, Antilles, Etats-Unis).

L’équipe Point Commun : D’où vient votre intérêt pour vos sujets d’étude ? Y a-t-il un aspect qui vous tient particulièrement à cœur ?

Mon goût pour l’histoire des révolutions est peut-être un effet de génération (les tumultueuses années 70 !). Par ailleurs, les révolutions sont toujours des périodes d’accélération du temps, des expériences et des mutations. Le « temps long » des historiens m’intéresse mais surtout dans ses relations avec le « temps court » des bouleversements politiques et sociaux.

L’équipe Point Commun : Concrètement, comment menez-vous à bien vos activités de recherche, quelle est votre méthode, temporalité, vos outils ? Y a-t-il des « journées types » ?

Marc Belissa : Tout dépend de l’objet et du sujet de la recherche. Si celle-ci est une commande (pour un colloque par exemple), je cible d’abord les sources, puis je fais le tour de l’historiographie et enfin, j’élabore à partir de mes notes. Si c’est un projet au plus long cours, je fais d’abord le tour de l’historiographie, puis je dépouille les sources.

Mes outils ? Mon Mac, mon Ipad (publicité gratuite) ! Pas de journée type mais des journées très bien remplies. Le métier de chercheur a ceci de particulier qu’on n’arrête quasiment jamais (même sur la plage et encore…). L’enseignement n’est qu’une partie de notre travail. Si je suis en verve, je peux travailler du matin jusqu’au soir sans beaucoup de pauses. Si je suis bloqué (et cela arrive) les pauses prennent le dessus sur les moments productifs !

L’équipe Point Commun : Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans votre métier ?

Marc Belissa : La liberté. La possibilité d’élaborer mes propres objets d’intérêt. Le contact avec les étudiants. La transmission.

L’équipe Point Commun : C’est notre petit instant « Rainer Maria Rilke » ! Quels conseils donneriez-vous à un·e jeune étudiant·e qui s’intéresse à votre domaine de recherche ?

Marc Belissa : Je ne vais pas être très original : il faut aimer la « matière » historique et surtout ÉNORMÉMENT lire…

L’équipe Point Commun : Et pour finir, c’est le moment pour faire de la « réclame ». Où puis-je suivre les actus de vos recherches ? Avez-vous envie de partager des liens vers une revue où vous intervenez, des conférences, des ouvrages ?

Marc Belissa :


Mis à jour le 16 février 2021