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Le self, objet de croyances, objet de passions. Hume et ses lectures contemporaines

Publié le 20 décembre 2018 Mis à jour le 8 janvier 2019

Colloque organisé par Alexandre Charrier, Claire Etchegaray et Philippe Hamou

Date(s)

du 17 janvier 2019 au 18 janvier 2019

09h15-17h
Lieu(x)

Bâtiment Pierre Grappin (B)

Salle des conférences

À la fin du premier livre de son Traité de la nature humaine (1739), Hume écrivait « quand je pénètre plus intimement dans ce que j'appelle moi-même, je tombe toujours sur une perception particulière ou sur une autre. Je ne parviens à me saisir moi-même sans une perception et je ne peux jamais rien observer d'autre que la perception. » Cette remarque a depuis fait couler beaucoup d'encre, et continue aujourd'hui encore d'alimenter le débat autour du concept de soi.

La raison en revient en partie aux objections qui ont été adressées à la critique que Hume fait de l'idée d'un soi substantiel et aux arguments qui la sous-tendent. On peut penser à celle de T. Reid (1785) — qui souligne l'incompatibilité de la théorie de l'absence de soi avec la possibilité de penser non seulement le libre arbitre, mais la pensée elle-même, en tant qu'elle suppose toujours un être pensant. On songe également à celles, plus récentes, de T. Penelhum (1955) ou W. Fang (1984) qui remettent en question l'opposition stricte entre différence et identité au fondement du réquisitoire humien contre la notion substantialiste de soi. Par ailleurs, Hume — comme on a trop tendance à l'oublier — développe dans livre II du Traité, consacré aux passions, une théorie positive du soi qui nous force à nuancer la lecture qui ferait de lui un simple sceptique vis-à-vis de ce concept. Cette dimension positive de la thèse humienne du soi fait à son tour l'objet d'interprétations divergentes, tant pour ce qui est de déterminer la manière dont il faut la comprendre en elle-même (comme en témoigne par exemple la dispute entre J. I. Biro (1979) et J.L. MacIntyre (1979) ou plus récemment la lecture qu'en propose F. Brahami (2001) ou G. Strawson (2011)) que dans son rapport à la thèse négative du premier livre (voir W.L. Robinson, 1974 ; M. Malherbe, 2001 ; A. Carlson, 2009 ; Le Jallé, 2014). Ainsi, le débat interprétatif autour de des passages consacrés au soi chez Hume sont loin d'être clos.

En outre, cet extrait du Traité est devenu, sinon la formule maîtresse, du moins l'un des slogans de ce qu'on désigne aujourd'hui comme la « no self theory » selon laquelle rien de tel que le soi ou ce que nous appelons « soi » n'existe, et dont des gens comme D. Parfit (1984), D. C. Dennett (1986), ou encore T. Metzinger (2003) se revendiquent. C’est donc une théorie qui clive et structure au moins en partie le débat contemporain sur le soi en philosophie de l'esprit, en ce sens qu'elle semble nous conduire à trancher entre un réalisme et un anti-réalisme vis-à-vis de cette notion. Ce passage auquel on identifie — peut-être à tort — la théorie humienne du soi demeure central au sein des discussions contemporaines, qu'il s'agisse de questions liées à l'identité personnelle, à la connaissance de soi ou encore à l'unité de l'esprit. Touchant l’identité personnelle, il suscite les interrogations suivantes : persistons-nous à travers le temps et à quelles conditions ? Qu'est-ce qui détermine le nombre de personnes à un moment donné ? Quel genre de choses sommes-nous ? Quant à la connaissance de soi, on se demande si elle peut avoir différentes formes, lesquelles et si on peut en préférer une. Quels types de connaissances à la première personne sont immunisés contre l'erreur par une mauvaise identification ? Enfin, concernant l’unité de l’esprit, faut-il croire à une unité des contenus mentaux et dans quelle mesure est-ce légitime ? Quelle est la cause de cette unité ? Qu'est-ce que la conscience de soi, et comment se rapporte-t-elle à la conscience en général ?



Programme



Jeudi 17 janvier 2019



9h15 : accueil des participants

           Présidence de séance : Philippe Saltel.

9h30-10h15 : Iris Douzant, « Genèse du self et dislocation de l’ego : Hume et Descartes ».

10h15-11h : Louis Pichot, « La constitution sociale du self dans les essais esthétiques de Hume ».

Pause

11h15-12h : Michel Malherbe, « Le self est-il une chose ? »


Pause déjeuner

            Présidence de séance : Jean-Pierre Cléro

14h15-15h : Claude Gautier, « À propos de l’identité personnelle chez Hume : un ‘self’ relationnel et affectif ».

15h-15h45 : Eléonore Le Jallé, « Hume : souci de soi et identité affective ».

Pause.

16h-16h45 : Laurent Jaffro, « Les déterminations de la fierté et de la honte dans les conceptions philosophiques du contrôle de soi selon Hume ».


Vendredi 18 janvier 2019


            Présidence de séance : Michel Malherbe

9h30-10h15 : Claire Etchegaray, « Hume et l’écriture de soi »

10h15-11h : Jean-Pierre Cléro, « Passions, intérêts et utilité ».

Pause

11h15-12h : Éric Marquer, « Moritz Schlick et l’unité de la conscience : une critique de Hume ».


Pause déjeuner.

            Présidence de séance : Philippe Hamou

14h15-15h : Donnchadh O’Conaill, « Hiding in Plain Sight? The Elusive Elusiveness of the Self ».

15h-15h45 : Samuel Lépine, « Hume, et les émotions du moi ».

Pause.

16h-16h45 : Alexandre Charrier, « Sortir des affres du soi aujourd’hui : la stratégie humienne ».

16h45 : Remarques conclusives



Mis à jour le 08 janvier 2019