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Hommage à Régine Scelles

Publié le 11 avril 2022 Mis à jour le 3 janvier 2023

Régine Scelles était une femme extrêmement attachante qui aimait la vie et son travail. Elle savait insuffler de l’énergie positive aux projets qu’elle investissait et aux collègues qui avaient la chance de travailler à ses côtés. Sa générosité n’avait d’égal que son dynamisme, son enthousiasme et sa ténacité. Elle était attentive aux autres et sa force de conviction pouvait soulever des montagnes, son parcours professionnel ainsi que les travaux scientifiques qu’elle a publiés, en témoignent. Régine Scelles a publié dans une cinquantaine de revues. Elle a dirigé et co-dirigé 7 ouvrages et a été auteure d’une cinquantaine de chapitres d’ouvrages. Elle a dirigé 17 thèses de doctorat dont 5 financées et 11 en cours avec des co-encadrements et co-tutelles (5 docteurs sont MCF). Elle a également parrainé 4 HDR (3 sont professeurs des Universités).

  • Parcours universitaire
Régine a entamé ses études de psychologie à l’Université de Caen dans les années 80 et y a forgé ses premiers liens académiques dans la coordination d’une grève qui mobilisait à la fois la défense des moyens pour l’Université et l’esprit d’Universalisme. Cette dernière dimension se retrouve beaucoup dans son parcours, à la fois dans ses thèmes de travail (la fratrie, le fraternel et le handicap) mais aussi dans sa démarche, son dynamisme pour initier des réseaux ou les faire vivre. 

Elle a soutenu sa thèse en 1996 à l’Université de Paris 7 (sous la direction du Pr Huguet) et son HDR en 2002 au sein du même établissement (parrainage du Pr F. Marty et de S. Ionescu). 

Après un début de carrière en tant que MCF à Tours entre 1996 et 2003, Régine, devenue PR, s’est beaucoup investie à l’Université de Rouen entre 2003 à 2014 avant sa mutation sur l’Université Paris Nanterre. Directrice adjointe du laboratoire PSY-NCA de 2011 à 2014, elle a œuvré avec plusieurs de ses collègues à développer des activités scientifiques transversales dans le laboratoire, des liens de travail qu’elle a conservés après sa nomination à Nanterre (contrats CNSA, publications). Elle a toujours veillé par ailleurs à un management respectueux des approches des équipes du laboratoire. 

Directrice adjointe de l’Ecole Doctorale et directrice du conseil scientifique de l’UFR SHS dans les mêmes années, elle a insufflé une valeur d’Universalisme en s’engageant dans plusieurs réseaux réunissant de nombreux collègues en France et à l’étranger. 

Au sein de cette Université de Rouen, Régine s’est aussi beaucoup investie dans les responsabilités d’enseignement : elle était responsable d’un DU « Ressources et vulnérabilités des familles : Thérapies » de 2004 à 2014, responsable de master 2 clinique et pathologie de 2004-2009, porteuse du LMD3 pour la mention psychologie de 2012-2014, co-responsable d’un master recherche handicap (MESOP) co-habilité entre l’Université de Rouen et l’INSHEA de 2012-2015 ainsi que responsable du M2 recherche Caen-Rouen de 2009-2012.

Ces investissements multiples au sein de l’université sont sa marque de fabrique, et se poursuivront à l’université Paris Nanterre, qu’elle a intégré en 2014 ; pour ces engagements, elle a obtenu la PR classe exceptionnelle 1 en 2015 puis la classe exceptionnelle 2 en 2021. 
  • Recherche et rayonnement scientifique
A l’Université Paris Nanterre…
Dès son arrivée à l’Université Paris Nanterre, Régine a pris plusieurs responsabilités importantes et a engagé de grands chantiers sur le plan de la recherche. 

Directrice du laboratoire CLIPSYD
Régine était directrice de l’UR CLIPSYD depuis 2020, après en avoir été directrice adjointe pendant 4 ans. Dans cette fonction, rarement simple, surtout dans une UR avec plusieurs sous équipes aux paradigmes différents (comme la psychanalyse, les TCC et le développement), et toujours avec cette approche transversale à laquelle elle tenait beaucoup, Régine a su trouver l’équilibre entre la nécessité d’insuffler une dynamique collective rassemblant ces diversités et le profond respect non seulement des orientations différentes, mais aussi de chaque membre de l’UR et de ses orientations de recherche. 

Durant toutes ces années elle a favorisé une belle ambiance à l’intérieur de l’UR et des sous équipes. Elle a toujours œuvré pour que les différents paradigmes qui composent l’unité de recherche se parlent et construisent ensemble des projets et des recherches communs.

Fondatrice de la Fédération de recherche EPN-R
Régine avait à cœur de créer de nouveaux projets et de s’investir pour le collectif ; elle tenait également à placer la recherche au centre des préoccupations des UFRs.  Sa personnalité et son dynamisme ont été décisifs pour fonder en 2015 la Fédération de recherche Education, Psychologie, Neurosciences (EPN-R) qui regroupe aujourd’hui toutes les unités de recherche des UFRS SPSE et STAPS (106 chercheurs, 96 doctorants, 1 plateforme de recherche). En assurant la direction de cette fédération depuis 2016, Régine a ainsi transformé en véritable programme institutionnel, un consensus émergeant entre unités de recherche de l’UFR SPSE quant à la nécessité de renforcer le poids de ces unités dans la politique institutionnelle et développer les moyens propices à une recherche de qualité. Dans cet élan, sa force de conviction a été déterminante pour créer, équiper et développer la plateforme de recherche adossée à la fédération. Depuis son inauguration le 20 avril 2018, Régine n’a cessé de se mobiliser pour garantir le bon fonctionnement de cette plateforme. C’est aussi dans cet état d’esprit qu’elle a œuvré à la création, l’équipement et le développement d’une salle des doctorant.e.s de l’UFR SPSE. Les occupants de cette salle se souviennent encore, avant la crise sanitaire, des visites régulières de Régine qui venait s’enquérir des besoins des doctorant.e.s et s’assurer de la convivialité du lieu. En portant le projet de la fédération, Régine avait également l’ambition de créer des synergies de recherche entre unités de recherche. Dans cette dynamique, elle a considérablement enrichi la maquette de l’Ecole Doctorale 139 de formations transdisciplinaires impliquant plusieurs unités de recherche de l’EPN-R. Elle a également mis en place la Journée de la Recherche, un événement annuel destiné à favoriser les échanges scientifiques transdisciplinaires entre chercheurs de l’EPN-R, et notamment les échanges entre traditions de recherche qualitative et quantitative. 

Membre et présidente des Comité d’éthique de l’UFR et de l’établissement
Portée par son dynamisme, son humanisme et ses valeurs profondes et authentiques, Régine s’est fortement investie dans les réflexions et les instances éthiques. D’abord dans le Comité d’Éthique Recherche de l’UFR SPSE qu’elle a présidé plusieurs années jusqu’en 2020, puis dans le CER de l’établissement Paris Nanterre, dont elle devait assurer la présidence pour 4 ans. Elle n’aura pu le présider qu’une année (2021), brutalement arrachée à ces fonctions par la maladie. Pendant cette année tous les collègues avec qui elle travaillait de près ont été touchés par ses engagements pour l’éthique portés toujours en arrière-fond, par le souci de la dignité et de la protection des participants aux recherches. Elle participait aussi aux travaux de la fédération française des CER, ainsi qu’à de nombreux enseignements sur l’éthique, très appréciés des étudiant·e·s.

…et ailleurs
Au-delà de l’institution universitaire, Régine était aussi très impliquée au niveau scientifique dans de nombreuses institutions et associations.

Régine était la présidente du Conseil d’Administration de l'INSHEA (Institut national supérieur d’études et de recherches pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés) depuis de longues années. Ses qualités humaines, son souci infatigable des autres, son respect des singularités de chacun, sa recherche permanente de consensus, marqueront durablement la trajectoire de l’Institut.

Elle était également :
. De 2011 à 2014, Directrice adjointe de l’école doctorale HSRT (Homme Société Risque et Territoires).
. Depuis 2013 Membre du Conseil scientifique de la SFPEADA (Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et des disciplines associées)
. Depuis 2014, Membre de conseils scientifiques de dispositifs, associations, fondations gérant des fonds de recherche : 1) (CNSA (Caisse nationale de solidarité et de l’autonomie) ; 2) la Fondation Motrice ; 3) Vaincre La Mucoviscidose
. Depuis 2017, Présidente du conseil scientifique de la FNEPE (Fédération Française de l’école des parents et des éducateurs) (45 écoles des parents (EPE) sur tout le territoire)

Soulignons également qu’elle a été Experte HAS « Recommandations diagnostic de troubles envahissants du développement » (2017-2018), Membre experte pour la Fédération Française des Psychologues Praticiens pour l’élaboration du 4e plan autisme (2017-2018), Membre du comité autisme IRESP (2015-2019), Déléguée scientifique AERES puis HCERES (2013-2017), Membre du comité de suivi de plan handicap rare (2013-2015). Elle a également mené des expertises collectives INSERM « Handicap rare ».

Directrice de la revue Dialogue depuis 2008
La diffusion de la recherche et des connaissances aux communautés de chercheurs et de praticiens était un de ses chevaux de bataille ; elle s’est ainsi grandement impliquée dans la revue Dialogue. Revue scientifique dont la ligne éditoriale est axée sur la famille, le couple et le groupe, Régine œuvrait au maintien d'un subtil équilibre qui fait de Dialogue une revue accueillant des articles de chercheurs en sciences humaines mais ouverte aux professionnels. Elle a su reprendre l’héritage de Jean-Georges Lemaire et le faire fructifier.

En 1994, elle y publiait son premier article intitulé « Pourquoi ai-je si mal à mon frère ? ». En 2000 elle coordonnait un numéro sur "La dynamique fraternelle" avec Jean-Georges Lemaire, fondateur et directeur de la revue à cette époque. A partir de 2001, elle entrait dans le comité de rédaction et devenait co-directrice en 2005 puis directrice de publication en 2007. 

Pour la revue Dialogue, Régine avait instauré le rituel début juillet de discussions sur les projets des numéros sous le cerisier dans son jardin, un peu « l’arbre à palabres » du comité de rédaction. Elle a beaucoup apporté à la revue Dialogue. C’est peu de le dire ! Avec ce rapide rappel nous reconnaissons bien un thème de recherche qu'elle a su déployer tout au long de sa carrière « Les liens fraternels ». Nous reconnaissons aussi ses qualités d'engagement et sa capacité à créer une atmosphère de confiance indispensable au travail en groupe. Même si elle partageait la direction depuis 2016, Régine était un pilier de la revue Dialogue, par la fonction qu’elle y exerçait mais aussi par son impulsion et son soutien aux thématiques contemporaines dont elle repérait la pertinence.  

Membre fondatrice du SIICHLA (Séminaire International Interuniversitaire sur la clinique du handicap), depuis 2016 : Cycle de conférence mensuel, colloque annuel et 1 livre par an, 6 universités concernées.
L’un des axes principaux des recherches de Régine Scelles s’est orienté vers la thématique du handicap. Elle a travaillé d’abord sur les représentations du handicap puis sur les processus de subjectivation des atteintes somatiques à tous les âges de la vie. Son ancrage clinique auprès des enfants et des familles lui a permis de développer une clinique originale auprès des enfants en situation de handicap et leurs familles en s’intéressant particulièrement aux frères et sœurs. C’est à cette thématique qu’elle a consacré un nombre de travaux considérables et elle est devenue une référence nationale et internationale. Ses doctorants ont repris le flambeau à ses côtés et elle nous laisse une vaste œuvre qui est et sera le support pour de nombreux chercheurs.   

Régine était -dans sa vie scientifique et personnelle- passionnée par la thématique du lien. En termes de recherches, il s’agissait pour elle d’étudier les liens notamment lorsque la maladie grave et le handicap concernaient l’enfant et toute sa constellation familiale. Pour elle, il était impensable de s’occuper d’un enfant en situation de handicap sans penser les liens à l’autre, aux autres et à son environnement. Elle nous rappelait souvent un proverbe africain : « Il faut tout un village pour élever un enfant », insistant ainsi sur l’importance de tous ceux qui accompagnent l’enfant et sa famille : les professionnels et les institutions, à travers une pluralité d’expériences, de rencontres et d’environnements. Sur le plan personnel, le lien était pour Régine le carburant des relations. Elle est unanimement reconnue par sa grande humanité et par la clarté de son propos qui faisait la joie de ses étudiants.  

En 2005, elle a créé avec d’autres collègues universitaires un collectif : le Séminaire Interuniversitaire International sur la clinique du Handicap (SIICLHA). En 2014, elle a créé également avec ses compagnons de route du SIICLHA un séminaire mensuel à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière : « Les jeudis du SIICLHA ». Ces séminaires interuniversitaires et internationaux sont devenus un RdV incontournable pour les étudiants, les chercheurs et les professionnels du terrain. Dans ce collectif, Régine a su imprimer sa force créative et sa détermination. Elle n’a économisé ni son temps ni son énergie pour mobiliser ses collègues autour de ce projet. Régine fait partie des pionniers en France dans le champ du handicap. Elle savait qu’il fallait déployer des moyens pour conquérir un terrain insuffisamment habité et le plus souvent déserté par tous ceux qui pensaient que le handicap était une thématique ingrate et peu fertile. Elle a osé créer, à une époque où les travaux sur le handicap étaient rares, un collectif interuniversitaire pour mettre en réseau et faire travailler ensemble des enseignants chercheurs et des professionnels de terrain engagés dans l’approche psychanalytique de la clinique du handicap.  
 
INSERM/IRESP : Co-responsable avec le professeur Billette de Villemeur du volet recherche du plan «polyhandicap » de 2017 à 2019
Régine a consacré une partie importante de son activité de psychologue clinicienne et de chercheuse à améliorer le bien-être des personnes polyhandicapées et de leurs familles. Ce sont des enfants et des adultes en situation de très grande vulnérabilité qui font l’objet de très peu de travaux de recherche dans le monde ; Régine est devenue une référence dans ce domaine.

Ses travaux sur le polyhandicap ont commencé, comme toujours, par un travail clinique approfondi et minutieux : la psychologue a observé finement ces enfants sans parole et sans communication univoque, s’est attachée à détecter les micro-signes de communication infra-verbale dont ils étaient capables, a pris le temps d’écouter attentivement leurs parents, leurs frères et sœurs. Cette riche expertise clinique a conduit la chercheuse à soulever quelques montagnes pour attester de cette vie psychique souvent silencieuse, mais si vivante. Ses recherches ont abouti à la création d’un outil aujourd’hui indispensable aux cliniciens qui oeuvrent auprès d’enfants et adolescents polyhandicapés et leur famille : l’ECP (Evaluation Cognition Polyhandicap), échelle destinée à évaluer mais aussi à valoriser les compétences des personnes polyhandicapées. En parallèle, dans d’autres travaux de recherche, elle a exploré l’angle de la qualité de vie des enfants et adolescents polyhandicapés, pour se centrer ces derniers temps sur la manière dont les plus jeunes d’entre eux pouvaient s’étayer sur les relations avec les pairs pour mieux développer leurs compétences (recherche « Enfants à besoins particuliers, Processus Inclusif et relations avec les Pairs », 2020). Tous ces travaux ont montré la justesse de son intuition clinique et de ses observations : ces enfants et adolescents ont en effet beaucoup à nous dire, pour peu qu’on leur prête une oreille attentive et bienveillante.

Mais l’on pourrait tirer exactement la même conclusion du côté de la clinique de la fratrie, des enfants et adolescents en situation de handicap, des familles… En éclaireuse, Régine Scelles a décidément passé sa vie professionnelle à donner la parole à ceux qui ne l’avaient pas ou ne pouvaient pas la prendre, à faire de la lumière sur ceux qui restaient dans l’ombre. Elle restera profondément inspirante pour tous les chercheurs et cliniciens qui travaillent dans ce champ spécifique de la clinique de la famille et du handicap. 
  • Une clinicienne remarquable, une chercheuse infatigable, mais aussi une enseignante profondément investie et appréciée
En plus de ses responsabilités scientifiques, Régine Scelles s’est aussi beaucoup investie dans les tâches et responsabilités collectives, administratives, et pédagogiques à l’Université Paris Nanterre. 

Elle était membre élue du CNU 16ème section depuis 2019, du conseil de l’UFR ainsi que du CCD section 16 depuis 2015. Elle a également été membre de la CFVU de l’Université Paris Nanterre de 2015 à 2020. Régine était porteuse de la mention « Psychologie clinique et psychopathologie, psychologie de la santé » depuis 2020. Elle a été porteuse de la maquette durant la transition LMD3 et LMD4. Elle a été responsable du Master 2 de psychologie clinique et de psychopathologie, parcours psychanalytique de 2014 à 2018.

Régine Scelles était avant tout généreuse, et cette générosité, elle la déployait pour tous. C’est pourquoi elle était attachée à partager sa pratique de psychologue, ses connaissances, les résultats de ses recherches, son éthique et sa déontologie dans la sphère universitaire auprès de ses collègues et de ses étudiants, mais bien au-delà. Elle trouvait un intérêt tout particulier à la mixité des publics, étudiants, professionnels, personnes concernées par le handicap, familles, afin que chacun connaisse, écoute et apprenne de l’autre. Cette construction de savoirs partagés, Régine l’a concrétisée avec la création de deux diplômes, le DU « Handicap pratiques et recherches » avec l’INSHEA et la licence professionnelle RCAPE « Responsable coordination, aide à la personne dans son environnement » en collaboration avec l'association française pour la myopathie (AFM), dont les contenus associent connaissances académiques et expérientielles. Toujours soucieuse de bousculer les certitudes pour aider à penser, Régine a insufflé dans chaque promotion l’appétence à la curiosité, au plaisir d’apprendre, adossée à la rigueur scientifique de la recherche. 

Les étudiants de psychologie de toutes les universités dans lesquelles elle a enseigné, ont été marqués par sa générosité et son investissement. A l’Université Paris Nanterre, elle avait pris plusieurs responsabilités importantes, préoccupée par la qualité de la formation des futurs psychologues : elle a été porteuse de la maquette durant la transition LMD3 et LMD4, et était porteuse de la mention « Psychologie clinique et psychopathologie, psychologie de la santé » depuis 2020. Elle a également été responsable du Master 2 de psychologie clinique et de psychopathologie, parcours psychanalytique de 2014 à 2018.
Régine était une enseignante infatigable ; elle était encore devant les étudiants à peine un mois avant son décès. Lorsque la gravité de son état de santé s’est ébruitée, ceux-ci se sont immédiatement mobilisés pour lui adresser leur reconnaissance unanime, qui apparaît immense. Régine était en effet une enseignante exceptionnelle : exigeante sur les plans méthodologique et théorico-clinique, elle savait transmettre de façon vivante et extrêmement claire des notions abstraites et complexes. Elle s’appuyait toujours sur sa clinique pour illustrer et étayer ses propos : rien ne relevait de la vague intuition, tout était ancré dans une expertise clinique et un savoir théorique d’une grande précision. Tous les étudiants qui ont eu la chance d’assister à ses cours évoquent une enseignante passionnée et passionnante, et saluent son engagement auprès d’eux, sa qualité d’écoute et sa disponibilité sans faille. Au fil de sa carrière, elle a ainsi formé un grand nombre de psychologues cliniciens, encadré plus d’une vingtaine de doctorants, futurs chercheurs ; elle a donné à tous le goût de l’exigence, de la justesse clinique et théorique, et de l’intérêt pour le champ de la clinique du handicap, dont elle figure parmi les premières exploratrices. La relève est assurée, sans nul doute, et nous serons nombreux à cultiver le champ qu’elle a défriché pour nous ; Régine Scelles fait indéniablement partie de ces enseignants dont on se souvient toute sa vie. 

Régine Scelles laisse ainsi des collègues chercheurs, professionnels, enseignants, mais aussi des doctorants et des étudiants profondément attristés par son décès. Régine arrivait avec son optimisme, son énergie, sa bienveillance et sa bonne humeur permanente à soutenir, à consoler, à motiver et à réaliser ce qui était nécessaire pour le bon fonctionnement des projets. Elle avait toujours des paroles apaisantes, mais avec une énergie permanente, elle allait dans le sens de ses valeurs et nous tous qui l’avons connue, avons pu bénéficier de son expertise scientifique pleine d’humanisme. Elle nous manque déjà, mais sa vitalité dans ses engagements restera présente à jamais au-delà de nos souvenirs. Régine était une personne radieuse, brillante, solaire.

C’est en honorant sa mémoire, avec respect et reconnaissance, que nous continuerons de porter les projets d’intérêt collectif qu’elle a créé et ferons vivre ses réalisations.
 

Mis à jour le 03 janvier 2023