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Violences du rococo

Publié le 8 mars 2012 Mis à jour le 9 mars 2012

Sous la direction de Jacques Berchtold, René Démoris et Christophe Martin - Ed. Presses Universitaires de Bordeaux, collection Mirabilia

Violences du rococo : paradoxe? Les associations auxquelles prête le terme de rococo (inventé au XIXe siècle et alors généralement péjoratif) miroirs, bosquets, boudoirs, foutoirs, triomphe de la courbe, de l'ornement aux dépens du sujet, plaisir de la surprise, jouissance des sens aux dépens du sens, attention au petit, libertinage, mondanité, érotisme, maniérisme, déséquilibre, affectation, manière, insignifiance, divertissement, dispersion, désordre, délicatesse, mollesse, féminisation, absence d'énergie... tendraient plutôt à écarter l'idée de violence, que ne saurait pourtant éviter toute réflexion sur la nature du fait social. En taxant leurs prédécesseurs de frivolité et d'immoralité, les philosophes des Lumières ont tenté de réduire leurs œuvres à un pur art d'agrément.

À cette vision réductrice, les spécialistes de littérature, de peinture, de théorie esthétique, réunis dans ce volume ont voulu échapper et montrer comment, au cours de la période 1690-1750 (que nous retiendrons pour «rococo», sans entrer dans la définition d'une esthétique), écrivains et artistes ont bel et bien pris en charge la représentation de la violence et les enjeux de sa pratique, y compris dans le geste créateur lui-même. Ils l'ont fait sur des modes qui leur sont spécifiques, au sein de démarches que l'on peut qualifier d'anticlassiques, qui ne se sont que fort peu théorisées.

Bref, à travers Chardin, Voltaire, Lubert, Oudry, La Joue, Rozelli, Fontenelle et quelques autres, nous avons essayé de pénétrer ce que disent et occultent, ce que «laissent penser» (expression de Caylus) les «masques fragiles» de Jean Weisgerber.

Mis à jour le 09 mars 2012